Portage et modes de garde

Après mon congé maternité ou congé parental, mon bébé sera gardé en crèche ou par une assistante maternelle. Comme je le porte beaucoup, comment cela va-t-il se passer pour lui ? Est-ce que le portage ne va pas lui manquer ?

La plupart des parents de bébés portés constatent que cela ne pose pas de problème à leur enfant. En effet, tout comme un bébé peut être allaité par sa mère et nourri au biberon par la personne qui le garde, il peut se passer du portage avec cette dernière. Cependant, si les parents le souhaitent et si l’assistante maternelle ou la crèche y est ouverte, le portage peut aussi être pratiqué pendant les temps de garde et notamment pendant la période d’adaptation. En effet, cette pratique commence à se développer auprès des professionnels de la petite enfance : de plus en plus d’assistantes maternelles et de personnel de crèches, parfois expérimentées en portage avec leurs propres enfants, se forment et proposent de porter les petits dont elles s’occupent. Si quelques réticences peuvent apparaître tant du côté des parents que de la professionnelle, notamment pour des raisons affectives et d’intimité, n’hésitez pas à ouvrir le dialogue et à en discuter ensemble. De nombreuses associations et conseillères en portage se proposent de former les professionnels et de les accompagner dans la mise en place du portage dans la structure afin de porter dans les meilleures conditions, de trouver les systèmes de portage adéquats et de répondre à toutes les questions.

La nounou de mon enfant propose de le porter, mais je n’imagine pas mon bébé porté par quelqu’un d’autre que moi, cela me semble trop intime. Que faire ?

Ce qu’un parent met dans le portage avec son enfant au niveau affectif est bien différent de ce que peut y mettre une autre personne. On peut avoir un bébé qui n’est pas le sien contre soi sans pour autant se l’approprier et cela n’enlèvera rien aux parents qui auront toujours une relation affective différente avec leur enfant. Un bébé qui passe plusieurs jours par semaine avec une autre personne a de toute façon un certaine intimité avec elle, alors autant que ça se passe du mieux possible pour tout le monde. Le portage peut être un outil précieux tant pour la personne qui le garde que pour le bébé, ainsi que pour les parents qui retrouvent un bébé confiant et détendu en fin de journée.

Je suis assistante maternelle ou je travaille en crèche. Puis-je porter les enfants que je garde ?

Le portage, notamment à l’aide de porte-bébés physiologiques, commence à se développer au sein des crèches, halte garderies, les foyers d’accueil pour enfants et pouponnières, et auprès des assistantes maternelles, en même temps qu’il se développe auprès des parents. Il a effectivement toute sa place dans ces structures pour faciliter l’intégration de l’enfant, répondre à ses besoins de mouvement et de sécurité, tout en facilitant le travail du personnel et l’attention aux autres enfants. Le porte-bébé physiologique peut être un outil de réel confort (protection du dos, libération des mains, liberté de mouvement, moins de pleurs et un fond sonore plus calme, sorties en extérieur facilitées), d’autant plus que les conditions de travail ne sont pas toujours idéales pour le personnel (nombreux enfants, locaux manquants d’espace, ….).

Pour que la mise en place du portage dans une structure se fasse dans les meilleures conditions, cela  doit idéalement partir d’une réflexion commune et d’un projet de toute l’équipe, avec une concertation des parents, en commençant par une bonne information, puis une formation pour la découverte des différents systèmes de portage et leur bonne utilisation. N’hésitez pas à contacter des animatrices de votre région pour avoir des conseils et vous former.

Porter un enfant qui n’est pas le sien

Porter un autre enfant que le sien peut soulever certaines questions, voire des appréhensions, notamment concernant l’aspect émotionnel et la proximité physique. En effet, dans notre culture occidentale qui préconise plutôt un maternage distal (dans la distance physique avec l’enfant, en opposition au maternage proximal), nous pensons souvent que la proximité physique doit être réservée aux parents et nous avons peur de la dépendance qui peut en découler. Nous avons souvent peur d’aller trop loin avec les enfants dont nous nous occupons en tant que professionnels. Il est intéressant de développer une réflexion à ce sujet. L’enfant fait toujours la différence entre ses parents et les autres personnes qui s’occupent de lui. Le portage n’enlève rien à cette relation privilégiée ; c’est plutôt du bonus pour tout le monde : pour l’enfant qui développera confiance et assurance au sein de son mode de garde, pour les parents qui retrouveront un enfant plus détendu le soir, et pour le personnel de la structure qui y trouvera un confort physique et une meilleure liberté d’action. Si certains parents ne se sentent pas prêts à savoir leur enfant porté par quelqu’un d’autre qu’eux, il est alors nécessaire d’en discuter avec eux.

Il est également intéressant de voir le portage comme un simple outil qui facilite le quotidien et qui permet finalement une forme d’autonomie pour l’enfant. En effet, bien qu’en corps à corps avec son porteur, l’enfant qui a simplement besoin d’être rassuré et en mouvement va pouvoir observer ce qui se passe autour de lui, regarder les enfants jouer, sourire aux adultes, développer ses rapports sociaux,  … pendant que le porteur porte son attention à un autre enfant ou vaque à des tâches quotidiennes. Le portage rapproche physiquement tout en permettant un éloignement mental qui permet à chacun de faire sa vie.

Extrait de l’article « Accueillir un bébé porté et allaité », Assistante maternelle magazine n°58 – juin 2009
« Le travail d’adaptation est un travail partagé de tissage de liens. Il n’incombe pas qu’au bébé. Le portage est un des outils qui peut aider les uns et les autres à franchir le fossé qui existe parfois entre le maternage que le bébé connaît auprès de ses parents et celui de la crèche ou de l’assistante maternelle. Il permet de mettre en place ce que Régine Prieur 1 appelle « une proximité non exclusive ». De fait, lorsque bébé est porté, le regard, les mains, l’attention de la personne qui le porte, sont libérés. D’une certaine manière, en rapprochant, le portage sépare ! »

1 Prieur R. « Des bébés bien portés », revue Spirale n°46, Toulouse, Erès (2008)



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